Un milliard de mètres carrés. C’est la surface totale du secteur tertiaire en 2020*. D’ici 2050, ce parc devrait croître de l’ordre de 150 millions de mètres carrés. Pour accompagner cette croissance, l’Afpac dévoile un nouveau guide avec l’intention de faire connaître le potentiel de la pompe à chaleur, ses « leviers de performance et enjeu de décarbonation » pour le tertiaire. L’association tient à dissocier l’image de cet équipement du résidentiel et à généraliser la PAC dans le tertiaire, qu’importent les besoins, grâce au caractère adaptatif de la technologie. Pour ce faire, ce guide s’adresse aux autorités publiques, aux prescripteurs (bureaux d’études fluides ou généralistes, architectes, économistes de la construction), ou aux installateurs et opérateurs de maintenance afin de disposer d’un état des lieux « précis des dispositifs réglementaires et outils incitatifs ».
À chaque problème sa solution
À ce jour, les technologies PAC ne représentent que 6 % des surfaces chauffées (soit 58,6 millions de mètres carrés) et environ 10 % de l’énergie finale consommée en 2020. En revanche, les PAC sont plus favorablement représentées lorsqu’il s’agit de couvrir également l’usage du rafraîchissement pour lequel elles couvrent plus de 13 % des surfaces tertiaires concernées.
L’association observe toutefois une dynamique récente autour des PAC dans la construction neuve : en 2020, 34 % des surfaces tertiaires nouvellement construites avaient fait le choix de la PAC, pour 24 % en 2019 et seulement 13 % en 2017. Cette tendance traduit la reconnaissance des investisseurs et utilisateurs pour les bénéfices de la pompe à chaleur dans un contexte qui oblige à opter pour des choix alliant efficacité énergétique, durabilité et respect de l’environnement.
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Des disparités selon les secteurs
Comme le rappelle le guide, les PAC sont présentes depuis des décennies dans les bureaux, commerces, hôtellerie et restauration afin de répondre à la nécessité de rafraîchir les locaux. À l’inverse, cette technologie est largement sous-représentée dans les établissements de santé, les bâtiments dédiés au sport, à la culture et à l’enseignement.
Dans une étude publiée en 2022 et intitulée « Prospective 2050 du marché de la PAC », l’AFPAC présente une projection de la présence des pompes à chaleur par secteur d’activité à l’horizon 2050. Près de 350 000 pompes à chaleur viendront ainsi équiper le parc tertiaire en 2050, essentiellement sur la base de la technologie air/air venant en remplacement du parc joule actuel, les PAC air/eau étant également appelées à se substituer aux chaudières gaz centralisées.
Les secteurs Bureaux et Enseignement, particulièrement, offriront un débouché important pour ces technologies avec un rythme de vente annuel estimé à 4 000 PAC collectives.
Selon les projections de l’Afpac, sur la période 2040/2050, dans le marché de la rénovation tertiaire où la technologie est présente à 50 % : la PAC air/air représenterait 20 %, la PAC air/eau 25 % et la PAC eau/eau 5 %. Dans le marché neuf, toujours sur la même période, la PAC air/air représenterait 35 %, la PAC air/eau 30 % et la PAC eau/eau 8 % (voir graphiques).
Toujours selon les auteurs du document, ces projections sont portées par la conjonction de plusieurs incidences :
- Les politiques nationales et européennes ambitieuses pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles et conquérir une souveraineté énergétique.
- L’influence du décret tertiaire qui va contraindre les propriétaires et locataires de nombreux immeubles à opter pour des équipements plus efficaces.
- La poursuite du développement des gammes et des performances de PAC à forte puissance.
Dans son guide, l’Afpac constate 6 secteurs tertiaires et 16 sous-segments, « répondants chacun à une problématique ».
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Secteur des bureaux/administration
Comme déjà évoqué, d’après les experts, le secteur Bureaux /Administration est l’un de ceux qui offriront un débouché particulièrement important pour les PAC.
Deux technologies prédominent ici : les systèmes DRV et les PAC air /eau. Raccordées à un réseau d’émetteurs disposés de manière à mailler les surfaces à traiter, elles sont compatibles avec tous les scenarii d’agencement possibles et répondent ainsi à l’exigence de flexibilité.
Selon la superficie des locaux à traiter, une tendance apparaît, qui n’a rien d’exclusif toutefois : pour des grands ensembles (> 5 000 m²), la technologie air /eau offre l’avantage de la centralisation des équipements, ce qui favorise les coûts de travaux d’installation et de maintenance.
À l’inverse, pour les plus petites surfaces (< 1 000 m²), les systèmes DRV offrent une souplesse et une simplicité de mise en œuvre qui les rendent très compétitifs.
Ces deux technologies comparables ont un point commun : par conception même ou par destination, elles s’interfacent très facilement avec des systèmes de supervision ou de gestion technique du bâtiment dont est évoquée l’importance croissante pour atteindre les objectifs de réduction des consommations énergétiques.
Secteur du commerce
Selon la typologie des commerces, les technologies PAC qui s’y adaptent varient. L’Afpac distingue trois segments principaux :
Commerces en centre-ville
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Ceux-ci se caractérisent par de petites à moyennes surfaces de vente (50 - 300 m²) et une Implantation en rez-de-chaussée et pied d’immeuble.
Les lieux d’implantation de ces commerces peuvent conduire à certaines contraintes techniques et architecturales : invisibilité de tout équipement technique exigée, accord de copropriété ou plus largement respect du voisinage, etc. L’adaptabilité de la technologie des PAC air /air offre toutefois des réponses en adéquation avec ces contraintes et les attentes des utilisateurs, ce qui explique sa forte présence dans ces applications à ce jour. Des groupes de production pouvant être intégrés dans des locaux techniques ventilés existent sur le marché par exemple.
Commerces en zone d’activité commerciale
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On parle ici de moyennes à grandes surfaces de vente (200 - >1 000 m²) et de bâtiments d’une architecture qui fait la part belle aux aspects fonctionnels : hauteur sous plafond, espaces dédiés aux équipements techniques notamment.
Par conception, ces bâtiments disposent d’une flexibilité qui leur permet d’intégrer facilement des équipements sans contraintes liées au voisinage. Les volumes à traiter sont importants du fait de la taille des surfaces de vente combinées aux hauteurs sous plafond. Les solutions de type Rooftop avec PAC intégrée centralisent la production et couvrent les usages de confort été comme hiver et de renouvellement d’air. La diffusion se fait par des gaines qui peuvent être apparentes.
Une alternative est possible en associant plusieurs PAC air / air qui traiteront chacune une part du volume global. En cas de dysfonctionnement de l’une, le confort n’est que peu altéré ce qui facilite l’intervention de dépannage.
Commerces en centre commercial
Il est question dans ce cas d’une grande diversité de surface de vente permettant d’héberger tout type de commerce y compris des grandes surfaces de distribution. En outre, ces centres commerciaux mutualisent certains dispositifs techniques comme une boucle d’eau tempérée utile pour assurer les conditions de confort de chaque locataire.
Dans le cas où une boucle d’eau tempérée circule dans le centre commercial, la solution PAC sur boucle d’eau ou PAC hybrides s’impose car elle assure à chaque locataire son indépendance de confort tout en respectant les dispositions du bailleur.
Si le bail commercial l’autorise, les locataires peuvent aussi disposer de leur propre solution indépendante. Dans ce cas de figure, la solution PAC air/air apporte les mêmes atouts que ceux déjà évoqués dans les cas de figure précédents. ?
* Sources CEREN 2020.